À quelques mois des élections présidentielles et législatives prévues du 25 au 27 septembre 2025, la Seychelles Electoral Commission (ECS) se retrouve au cœur d’un climat politique tendu et sous une pression croissante. Entre les attentes politiques, les enjeux logistiques et un désengagement palpable d’une partie de la jeunesse, la Commission tente de préserver sa crédibilité et son intégrité institutionnelle.
L’un des moments forts de ce début de campagne fut sans conteste le rejet par la Commission de la proposition du président Wavel Ramkalawan d’organiser des bureaux de vote pour les Seychellois vivant à l’étranger. Présentée comme une suggestion présidentielle, la demande avait tout d’un ordre implicite, suscitant un vaste débat public.
Mais, lors d’une conférence de presse début mai, Sheena Max (Chief Registration Officer), Manuella Amesbury (Chief Electoral Officer) et Florie Benstrong (Senior Legal Officer) ont pris position, en annonçant que l’ECS ne mettrait pas en place de stations de vote à l’étranger, invoquant des défis logistiques majeurs révélés par une étude de faisabilité. Une décision qui a surpris mais qui a aussi été largement saluée comme un acte d’indépendance institutionnelle.
« C’est un signal fort, » commente l’analyste politique Jevad Brioche. « Cela montre que l’ECS n’est pas prête à céder à la pression politique, même venant du plus haut niveau de l’État. »
Malgré cette démonstration d’autonomie, l’ECS évolue dans un climat de défiance et d’attente. Plusieurs partis politiques accusent l’instance électorale de favoritisme, tandis que des groupes de citoyens remettent en question la transparence du processus électoral. La Commission doit désormais mener à bien une mission de haute précision dans un environnement qu’on pourrait qualifier d’hostile.
À l’Assemblée nationale, Sheena Max n’a pas mâché ses mots sur les difficultés rencontrées sur le terrain. Elle a notamment souligné le désintérêt grandissant des jeunes pour le processus électoral, et les nombreux obstacles rencontrés lors de la mise à jour du registre électoral.
« Les jeunes, lors des vérifications, il y en a beaucoup qui ne sont pas réceptifs. Certains ne répondent pas au téléphone, d’autres vont jusqu’à l’éteindre. Il y a même ceux qui changent d’adresse sans nous avertir. C’est le genre de défis auxquels on fait face, » a déclaré Sheena Max devant les parlementaires.
Selon elle, malgré les campagnes de sensibilisation, certains jeunes refusent tout simplement de s’enregistrer comme électeurs. Un phénomène inquiétant pour une démocratie jeune, où la participation des nouvelles générations est cruciale.
À moins de quatre mois des élections, l’ECS est face à un double défi : assurer l’intégrité du processus électoral tout en regagnant la confiance d’un électorat fragmenté. Le récent rejet de la proposition présidentielle peut être vu comme un premier pas dans cette direction, mais les tensions sur le terrain, notamment liées aux suspicions politiques, pourraient compromettre la fluidité du processus électoral à venir.
